Vous arrivez aux urgences de votre hôpital parce que vous vomissez tripes et boyaux... et que vous aimeriez bien que cela cesse. Cela dure depuis deux jours et cela a encore augmenté dans la journée motivant votre venue aux urgences à 22 heures car vous ne voulez pas revivre une nuit comme la précédente. Vous risquez d'attendre toute la nuit sur un mauvais brancard aux urgences, entouré d'ivrognes hurlant et attachés aux barrières, de mains ensanglantées, emmitouflées ou encore de vieillards déshydratés et vomissant, avant même d'être vu (et encore moins examiné) par un interne ou par son chef. Pendant ce temps-là, vos proches, de l'autre côté de la porte de la salle d'attente n'auront aucune nouvelle à moins que dans l’affolement vous ayez pensé à prendre votre téléphone. Le médecin vous verra enfin vers 7h30 le matin, demandera à une infirmière occupée ailleurs de trouver le temps de vous faire une prise de sang dont les résultats mettront une ou plusieurs heures avant d'être vus. Le médecin pourra conclure à une gastro-entérite. Il pourra aussi se tromper, on considère l'état d'un médecin de garde au matin d'une garde lourde équivalent à celui d'une intoxication alcoolique aiguë.... Bien sûr, si vous aviez présenté des signes de gravité (augmentation de la fréquence respiratoire, baisse de la tension, augmentation de la fréquence cardiaque, coma...), l'infirmière d'accueil se serait assurée que vous soyez vu en super urgence, passant ainsi devant les patients sans signes de gravité (mais vomissant !) qui attendaient déjà depuis des heures. Enfin, si votre douleur était insoutenable, vous auriez eu droit à une perfusion et un antalgique dès votre arrivée. Vous sortirez donc des urgences pour retourner chez vous dans la voiture de votre conjoint(e), qui sera du coup presque aussi épuisé(e) que vous ! Vous vomirez encore une fois dans la voiture et peut-être encore deux jours. Pourquoi ? Parce que le directeur général (DG) du CHU ne veut pas engager des dépenses pour augmenter le nombre d'aides-soignantes, d'infirmières, de kinésithérapeutes, de psychologues, de médecins ni pour construire des locaux neufs. Pourquoi ? Parce que l'objectif prioritaire d'un DG est de ne pas trop augmenter les dépenses de l'hôpital... Pourquoi a-t-il cet objectif prioritaire ? Parce que ses tutelles le lui demandent, et parce qu'il sera donc évalué (noté) sur le respect de cet objectif. De sa note dépendra sa prochaine affectation (un DG reste en poste quelques années seulement) et aucun directeur n'a envie d'aller à Béthune...Mais plutôt à Paris ou au soleil. Pourquoi l'État lui impose-t-il cet objectif ? Parce que l'État veut diminuer ses dépenses (publiques)... Pourquoi ? L'objectif de ce livre est de proposer une autre vision pour s'opposer au dogme actuel : « Il n'y a plus d'argent ». Mon but est de convaincre les directeurs d'hôpitaux et leurs tutelles qu'il n'existe pas de « manque d'argent » et qu'ils peuvent augmenter leurs dépenses quand elles permettent une meilleure qualité des soins sans menacer pour autant les générations futures d'un fardeau trop lourd. Pour cela et pour ne pas paraître pour un simple utopiste, je me devais de présenter des arguments solides. Les voici.
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