TQM Théorie Quantitative de la Monnaie
Il y aurait un effet de causalité de la création de monnaie sur le niveau des prix.
La création monétaire serait structurellement source d’hyper inflation.
Fake news !
D’où vient l’idée que la création monétaire serait systématiquement génératrice d’inflation. Cette affirmation qui est connue sous le nom de théorie quantitative de la monnaie a été transmise de génération en génération jusqu’à nos jours et s’est imposée comme un dogme que la plupart des économistes et l’immense majorité des journalistes reprennent à leur compte. Elle constitue l’un des piliers majeurs du système économique mondial actuel ‘’le capitalisme néo ou ultra libéral’’. Elle est le fondement des critères de Maastricht concernant la monnaie.
Elle est née dans l’esprit d’un ecclésiastique espagnol né en 1491 du début du 16é siècle qui s’intéressait à l’économie entre autres disciplines, Martin d’Azpilcueta.
Il rapproche deux faits dont il est témoin :
Une inflation qui enfle jusqu’à l’hyperinflation et qui durera jusqu’à la moitié du 16è
siècle
l’arrivée massive d’or et d’argent venant du nouveau monde suite à la conquête des Amériques par les conquistadors à partir de 1512.
Il a alors 21 ans.
Le raisonnement retenu pour expliquer le phénomène a du être le suivant : Partant du fait que le prix est influencé par le coût de fabrication (ou de revient) du produit mais également du pouvoir d’achat des clients – surtout pour les services, intuitivement on peut en déduire que si les consommateurs disposent de plus de monnaie ils auront tendance à accepter des produits plus chers.
C’est difficilement contestable.
Cela donnera lieu plus tard à la création d’une courbe de demande en fonction du prix par Augustin Cournot en 1838. Plus tard Alfred Marshall établira une courbe de l’offre en fonction du prix. La conjonction des 2 donnera la courbe d’équilibre de l’offre et de la demande.
Si le pouvoir d’achat augmente la courbe de la demande se déplace vers le haut Jusque là tout semble valider l’intuition d’Azpilcueta
On dit de Nicolas Copernic qu’il a souscrit à cette thèse et l’a enrichie. En fait Copernic s’est plutôt attaché aux différentes formes de frappe de la monnaie et aux escroqueries qui en résultaient à son époque.
Un pur économiste, Jean BODIN décide alors d’aller vérifier sur place cette théorie et s’installe à Séville, là ou l’or des Amériques arrive.
Il constate effectivement à partir de témoignages et statistiques qu’il tient, que l’inflation enfle et que les arrivées d’or sont plutôt régulières et soutenues. Il conclut donc à la confirmation empirique de l’hypothèse d’Azpilceuta.
Sauf que…
Les générations d’économistes ont alors accepté cette ‘’théorie’’ pour en faire une ‘’loi naturelle et incontournable ‘’ de l’économie.
La répétition de cette assertion par tous les économistes durant près de 6 siècles et encore aujourd’hui lui a conféré une dimension universelle. En réalité elle satisfaisait les besoins de ces théoriciens de l’économie et personne n’a plus cherché à la mettre en doute et à la vérifier.
Cette théorie intuitive a pourtant des limites qui en contestent l’exactitude. Les courbes de l’offre et de la demande sont incontestables. Plus le prix augmente, plus les vendeurs sont intéressés à vendre et certains qui n’auraient pas cédé leur bien à un prix bas sont volontaires pour le faire à un prix élevé. Il y aura donc plus de vendeurs potentiels au fur et à mesure que le prix monte. Le phénomène inverse pour la demande est également exact. Plus le prix sera élevé moins de clients seront intéressés, ou pourront, acheter le bien ou service concerné.
Mais la conséquence prétendue de la conjonction des deux est-elle vérifiée ?
Pas toujours, et c’est la pierre d’achoppement de l’universalisation de la théorie.
En effet, si on regarde comment cela se manifeste sur le terrain, la chose est moins évidente.
Prenons une transaction entre deux personnes. L’une des deux va proposer un prix ; le plus souvent c’est le vendeur mais ça peut-être l’acquéreur potentiel. L’un comme l’autre, ou les deux vont peut-être tenter de faire une affaire en ne dévoilant pas leur prix plafond pour le client et plancher pour le vendeur. Le risque de ne pas vendre ou de ne pas obtenir peut influencer l’acceptation par l’un et l’autre.
Le prix de vente ne sera pas nécessairement celui qui ressortirait du croisement des courbes ; d’autant plus que dans le cas de 2 personnes le prix commun ne correspondra pas à un point mais souvent à une zone compatible.
Passons à un groupe plus important d’acteurs économiques vendeurs et acheteurs, autrement appelé un marché. L’exemple le plus simple est le marché que l’on trouve dans tous les petites villes et villages avec plus ou moins de bouchers, boulangers, maraîchers, vendeurs de vêtements, etc.
Un certain nombre de clients font le tour du marché pour repérer les prix de tous les vendeurs (l’offre) avant de prendre leur décision. Cela ressemble fort à la conjonction des courbes d’offre et demande sauf que tous les vendeurs ne le feront pas et qu’un élément important joue un rôle non négligeable. La concurrence.
Le prix réel auquel se fera la vente est donc dépendant en premier lieu de l’information que l’acheteur potentiel aura de l’état de l’offre ; mais aussi de la virulence de la concurrence et d’un autre phénomène qui perturbera l’ajustement. Ce phénomène c’est la variabilité du prix au cours du temps. Il est fréquent de constater que les prix en début et en fin de marché ont pu évoluer du fait de raisonnement à la marge conduisant à des ventes à perte.
Exemple : un marchand détaillant a investi dans un stock de marchandises pour vendre au marché. Les produits sont plus ou moins périssables. Lorsque la fin du marché se profile le marchand qui a déjà amorti dans les premières heures le montant de ses achats n’a plus l’obligation de maintenir son prix. Tout ce qu’il encaisse construit son bénéfice et ce qu’il ne vendra pas risque de périr. Il aura donc tendance à baisser son prix pour vendre le plus possible d’unités.
Un autre exemple de marché : La Bourse.
C’est sans doute l’exemple le plus parfait d’application de la conjonction des courbes. Les 2 éléments essentiels qui permettent cette adéquation à la théorie sont :
des règles de fonctionnement spécifiques et strictes. Le système de cotation qui impose de faire connaitre préalablement les volontés d’offre et de demande (carnet d’ordre) afin de déterminer mathématiquement le prix générant le plus de transactions. C’est l’application même de la théorie.
la proximité spatiale et temporelle des acteurs économiques qui permet que
l’information de chacun soit globale et instantanée.
Ce dernier élément, l’information, était déjà présent et déterminant dans l’exemple
précédent.
Si maintenant nous grossissons le marché nous nous apercevons que ces éléments s’estompent. Les règles de la bourse ne peuvent s’appliquer faute de discipline des acteurs et surtout l’information ne peut plus être captée par tous ni de façon instantanée.
Considérons tous les magasins présents dans une petite ville et dispersés. Sauf à réaliser une étude de marché il sera difficile aux acheteurs d’avoir une connaissance immédiate et complète de l’offre totale à chaque instant. Bien sûr chacun repère ses fournisseurs privilégiés mais aura-t-il connaissance en temps réel des variations de l’offre des concurrents de son fournisseur. Non bien sûr. C’est également le cas avec les supermarchés dont il est quasi impossible au client d’avoir une vision exhaustive de tous les prix sur tous les produits.
Une notion de fidélisation de la clientèle vient s’immiscer dans le processus de décision.
Grossissons encore le marché qui devient régional puis national puis électronique. Dans ces conditions il n’est plus possible à aucun acheteur comme vendeur de connaître non seulement l’état de l’offre ou de la concurrence, mais moins encore les modifications incessantes de ces courbes d’offre et de demande.
Ce qui ressort de cette expérience de pensée, chère à Einstein, basée sur une réalité
empirique, c’est que la condition de conjonction des courbes d’offre et demande est la
PARFAITE INFORMATION INSTANTANEE ET A TOUT MOMENT de l’état et
des variations du marché. Autant dire qu’à l’échelle de la Nation et pour la totalité des biens et services échangeables une telle connaissance par tous les acteurs est impossible.
L’erreur que commettent les théoriciens et adeptes de la théorie quantitative de la monnaie est qu’ils extrapolent au niveau macro-économique une réalité dont le domaine d’existence est uniquement microéconomique.
Le fonctionnement de l’économie est différent selon que l’on se situe au niveau microéconomique ou macro économique. C’est exactement le même constat que celui qui a été fait entre la physique traditionnelle et la physique quantique. Sauf qu’en matière d’économie on peut comprendre pourquoi, ce que la physique n’a pas pu expliquer encore.
Appliquons ce constat à la théorie quantitative de la monnaie et considérons une création monétaire significative.
L’état faisait rarement de publicité sur les créations de monnaie qu’il effectuait lorsqu’il le pouvait encore. Alors comment un vendeur non informé pourrait-il augmenter son prix. Et quand bien même il l’apprendrait pourquoi sa première réaction serait celle là ? Il pourrait tout au contraire en profiter pour baisser son prix, misant sur cette tactique pour capter une plus grande quantité d’acheteurs au moment qu’il sait être favorable puisque ses clients potentiels détiennent plus de monnaie.
Pourquoi ne pas se suffire de l’augmentation du chiffre d’affaires issue de la hausse probable de la quantité de ventes réalisées, plutôt que par un prix plus élevé avec le risque de se mettre en position délicate dans un contexte concurrentiel ?
Tous les entrepreneurs, quelle que soit leur taille, ont prioritairement en tête un objectif de croissance par le volume des ventes et la hausse du prix n’est pas une stratégie de première intention, surtout dans un système basé sur la concurrence. Ceci d’autant plus que l’augmentation du volume induit une diminution du poids des charges fixes et non proportionnelles, ce qui réduit le coût de production du bien ou service, et améliore de fait la marge. Pourquoi alors l’augmenter davantage ?
La logique ne confirme pas la théorie. Tout au plus il est possible que les vendeurs perspicaces constateront que leur clients augmentent leurs achats et s’orientent vers des produits plus onéreux et effectueront des hausses qu’ils essaieront de faire discrètes donc modérées et sur une durée assez longue ; donc pas d’inflation importante comme on peut le craindre.
La réponse de l’offre à une création monétaire va dépendre du niveau d’information donnée, souvent inexistante et éventuellement de la psychologie et stratégie des vendeurs.
Affirmer l’inflation comme conséquence inéluctable d’une création de monnaie est totalement abusif et injustifié sur le plan de la logique et de la pratique commerciale usuelle.
Par contre il n’est pas rare de constater en effet dans l’histoire une concomitance entre inflation et augmentation de la masse monétaire. Alors comment l’expliquer ? Peut-être tout simplement par la proposition inverse de celle retenue par Azpilcueta et Jean Bodin à savoir attribuer l’antériorité à l’inflation. Cette fois la logique nous
accompagne. En effet si les prix montent régulièrement, chroniquement ou brutalement, sans jamais baisser ensuite il arrivera alors tôt ou tard un moment où la monnaie en circulation finira par manquer. Si un cercle inflationniste s’installe, par lequel chaque entrepreneur doit supporter les hausses de prix de ses fournisseurs ainsi que la hausse de ses charges de personnel pour maintenir le pouvoir d’achat des salaires, alors oui il peut être utile ou nécessaire de procéder à une injection de monnaie dans le circuit économique par une création monétaire provisoire (celle des banques qui doit être remboursée) ou création pérenne (par création directe de l’état ou avances gratuites et non remboursées par la banque centrale).
La théorie quantitative de la monnaie aurait donc pu affirmer qu’une inflation importante et durable peut entrainer une création monétaire non moins importante. ‘’Peut entrainer’’ et non pas ‘’entraine ‘’ car il y a toujours la solution de ne pas émettre de monnaie. C’est d’ailleurs une bonne solution puisque l’insuffisance de monnaie finira par étouffer l’inflation, mais beaucoup de gouvernants cèdent à la facilité de la création de monnaie.
L’inflation trouve son origine dans le déséquilibre entre l’offre et la demande. Lorsque la demande est inférieure à l'offre, la tendance sera à la baisse des prix pour capter la clientèle. Au contraire lorsque la demande sera supérieure à l’offre et si l’offre ne réagit pas suffisamment rapidement alors une pratique de surenchères induira une hausse des prix. Il n’est donc pas impossible qu’une création massive de monnaie provoque un déséquilibre entre offre et demande. Si la monnaie créée est dirigée vers la seule demande ou presque alors l’offre ne pouvant répondre rapidement à la variation de la demande il s’en suivra une tendance inflationniste. Cette situation est plus encore imputable à l’erreur de gestion de cette création qu’à la création elle-même.
A l’occasion d’information généralisée d’un surcroît de monnaie, sous-entendu de ‘’pouvoir d’achat ‘’ des clients, certains vendeurs pourront être tentés de profiter de cette manne et augmenter leur prix. Ce sera d’autant plus vrai que la manne en question sera ciblée sur un marché spécifique et réduit incitant une entente plus ou moins tacite des vendeurs pour augmenter tous leur prix. C’est ce que l’on peut observer avec certains avantages fiscaux accordés aux acheteurs ; les vendeurs s’entendent alors pour en détourner le bénéfice à leur profit. L’exemple type est l’immobilier avec les dispositifs Pinel et précédents, qui en dopant les ventes à fait grimper les prix de l’immobilier neuf de façon importante.
L’automobile aussi avec les primes à la reprise ou à l’achat de véhicules neufs électriques, etc. qui ont permis aux constructeurs de s’accorder des marges très juteuses.
Les subventions et avantages fiscaux sont plus inflationnistes que la création monétaire
parce que l’information est présente et modifie la forme des courbes offre/demande.
A ce stade, la logique, la pratique que nous connaissons du commerce en général, et l’expérience de pensée qu’affectionnent les chercheurs comme Einstein, plaident pour cette dernière version ; celle d’une inflation déclenchée préalablement (sauf erreur de gestion) qui est ensuite alimentée et accélérée par l’introduction de monnaie nouvelle.
C’est ce que j’appelle l’effet mayonnaise de la création monétaire. Pour faire une mayonnaise il faut commencer par mettre au fond du bol un jaune d’œuf et de la moutarde. Ensuite seulement l’huile va former l’émulsion et va lui donner son volume. Le volume final sera plusieurs fois supérieur au volume global jaune d’œuf + moutarde et on peut être tenté de considérer l’huile comme l’ingrédient déterminant et suffisant. Et pourtant si vous versez de l’huile dans un bol sans autre ingrédient vous n’obtiendrez pas de mayonnaise. Dans le sujet qui nous occupe, l'huile est la monnaie et le duo œuf moutarde (offre et demande) correspond à l’inflation. Sans inflation préalable la création monétaire n’a aucune raison (sauf mauvaise gestion) de déclencher une inflation spontanée.
La logique ne confirmant pas la théorie quantitative de la monnaie, et l’inversant plutôt, comment des économistes peuvent-ils continuer à la soutenir ? Sans doute est-il difficile de reconnaître que l’on se trompe depuis toujours et c’est ainsi que cette version continue d’être enseignée dans les universités. Ensuite ‘’la vérité du grand nombre’’ a fait son œuvre. Très nombreux sont ceux qui se suffisent que cette version soit celle en vigueur et qu’elle ait été soutenue depuis plusieurs siècles par d’éminents économistes pour refuser toute idée qu’elle pourrait être fausse ; et rejeter sans y réfléchir toute proposition qui dirait le contraire.
Conscients que la logique n’est pas de leur côté les défenseurs de la théorie présentent
deux types de « preuves » ; des preuves historiques et une preuve mathématique.
Argument historique
La première preuve historique présentée est l’étude de Jean BODIN réalisée sur place à la suite de la théorie intuitive d’Azpilcueta. Ses constatations le pousse à conclure lui aussi que l’apport d’or des Amériques en est l’origine. Aurait-il pu se tromper ?
D’autres témoignages historiques ont été produits pour confirmer cette thèse jusqu’à la grande inflation Allemande du début du 20è siècle. Inflation allemande qui a traumatisé les allemands et explique la politique menée actuellement par l’Europe sous l’influence de l’Allemagne.
C’est ce qui va être vérifié ci-après pour chacune de ces hyper inflations.
Lorsque Jean Bodin se rend à Séville, port où arrivent l’or et l’argent d’Amérique il y va pour réaliser des statistiques. Il relève les évolutions des prix qu’il compare aux variations d’importations des métaux précieux. Les deux courbes présentent une similitude troublante. Il conclut donc à la validité de la thèse d’Azpilcueta sans chercher plus loin ; une sorte d’instruction à charge. Pourtant il constatait dans le même temps que les importations de produits exotiques en provenance des pays découverts
par les grands explorateurs de l’époque, suivait une courbe parallèle. Ce qu’a constaté Jean BODIN a été expliqué plus tard. Les importations de produits nouveaux inconnus auparavant ont déclenché un réel engouement faisant exploser la demande pour ces produits. L’inflation est donc née de l’apport de produits venant de plusieurs contrées lointaines plus que de l’or et l’argent. Bien sûr l’apport de métaux précieux servant de monnaie a engendré une revalorisation des salaires et alimenté l’inflation déjà déclenchée.
C’est aussi cette création monétaire importante qui a permis la forte croissance
constatée sur le période.
Cette étude, J. BODIN l’a limitée à l’Espagne et un peu le sud de la France. Depuis les historiens ont élargi le champ des recherches et on constaté :
. Que l’inflation en question avait commencé dès le milieu du 15è siècle c’est-à- dire bien avant la découverte des Amériques et l’épopée des conquistadors à l’origine des importations de monnaie,
. Qu’à l’origine l’or et l’argent rapportés étaient réservés à la couronne espagnole, alors que l’inflation était la plus virulente ; puis que dans la seconde moitié du 16s siècle lorsque les commerçants ont eu le droit d’importer ces métaux pour leur compte, bizarrement l’inflation a baissé en intensité.
. Que cette inflation ne touchait pas seulement l’Espagne mais une grande partie de l’Europe et notamment les Flandres (Belgique et Hollande) dont les liens avec l’Espagne étaient tels que le commerce et la circulation d’or et d’argent y étaient volumineux et continuels.
Les mêmes spasmes inflationnistes ont touché également le nord de l’Europe et plus particulièrement la Pologne, l’Autriche également dans l’environnement politique de l’Espagne et la bohème (Hongrie).
Cette période ou l’inflation semble s’être répandue sur toute l’Europe ou presque fut baptisée ‘’la révolution des prix’’.
Depuis les historiens économistes ont mis en doute la causalité de l’abondance de monnaie dans l’origine des inflations. Que l’apport de monnaie nouvelle ait un effet dévalorisant, lequel effet a un impact sur les prix, n’est pas contestable, mais le plus souvent dans des proportions très modérées et peut être évité en régulant les apport monétaires.
Dans le cas de la révolution des prix du 16è siècle les historiens ont constaté que plusieurs de ces inflations ne pouvaient être imputées à l’importation d’or et d’argent des Amériques. Déjà parce que d’autres causes en ont été vérifiées (pénuries agricoles,
endettement exorbitant pour financer les guerres, etc.). Ensuite parce que des inflations comme celles de la Pologne et de la bohème sont apparues sans que l’or espagnol puisse être incriminé, ces deux pays disposant de mines d’or et n’ayant eu aucun besoin d’accueillir l’or espagnol. L’essor du port de Gdansk due à une demande croissant plus vite que les possibilités d’approvisionnement en est la seule cause.
Déjà en 1637 un engouement inattendu pour une Tulipe loupée par son créateur (idem
l’histoire des sœurs Tatin) a déclenché une surenchère. Cette fleur étant très prisée
des Hollandais il en est résulté une inflation que l’or des Amériques à amplifié mais non
pas créé. (La Tulipomania)
D’autres inflations ont eu cours durant la même période en Europe de l’est sans qu’aucun or ou argent d’Espagne n’arrive dans ces contrées. Là encore l’explosion du commerce international du fait des grands navigateurs et de la mise en place de routes commerciales notamment avec l’empire Ottoman, a généré des comportements spéculatifs et donc inflationnistes. L’Italie, la Grèce et les pays limitrophes ont ainsi accusé de fortes inflations sans que l’or ou l’argent des Amérique ne soit présent dans ces contrées.
Outre les explications géopolitiques (guerres, ou commerce international) l’analyse des statistiques tenues par BODIN et ses successeurs montrent quelques paradoxes. Ainsi l’inflation en Espagne a été plus forte dans la première moitié du 16è siècle alors que les métaux précieux rapportés du nouveau continent n’étaient destinés qu’à la couronne, alors que dans la seconde moitié du siècle, lorsque les importations d’or et argent ont été accordées aux banquiers et commerçants les hausses de prix se sont calmées.
Plus probant encore les constatations de Fernand BAUDREL, qui fut Professeur au Collège de France et membre de l’Académie Française. Durant la période de 1552 à 1560, l’inflation a été virulente en Italie alors que les mauvaises relations entre l’Italie et l’Espagne bloquaient le transfert d’or ou d’argent en provenance des Amériques. Et paradoxalement durant la période postérieure à 1570, alors que les relations entre les 2 pays se sont améliorées et que l’or et l’argent d’outre atlantique affluent en Italie, c’est l’effet contraire qui est constaté à savoir une baisse des prix sur plusieurs années. Cela ressemble étrangement à des conclusions que nous avons tiré précédemment ; afin de capter la monnaie qui arrive les commerçants mettent en place des stratégies concurrentielle de baisse des prix pour grossir leur clientèle.
Les faits historique de la révolution des prix au 16è siècle ne confirment pas, loin s’en
faut, la déduction qui en a été faite.
Depuis, toutes les grandes inflations durant lesquelles une augmentation de la masse monétaire a été constatée simultanément ont servi de prétexte à confirmer la théorie sans chercher d’autres explications et ni si l’apparition de l’inflation n’était pas antérieure à l’augmentation de la masse monétaire.
Il en sera ainsi de l’inflation française à la fin de la révolution avec l’échec des assignats dont on sait pourtant qu’il a résulté d’une gestion calamiteuse après avoir été détournés de leur objectif. Les gouvernants de l’époque ayant voulu se libérer précipitamment des dettes phénoménales que leur avait léguées Louis XIV ; ils ont déclenché une perte de confiance en la monnaie suivie d’une dévalorisation continue des assignats source d’inflation. Au début l’émission raisonnable des assignats avait au contraire donné des résultats encourageants jusqu’à ce que les Thermidoriens ne s’adonnent au libéralisme économique, ne transforment ces titres en monnaie libératoire, et en décuplent l’émission.
Même chose pour ce qui concerne l’inflation en Allemagne dans les années 20 du siècle dernier. Ce n’est pas la planche à billets qui a généré l’inflation en question mais l’attitude des alliés après leur victoire en 1918. Ils ont contraint le vaincu à rembourser les dégâts nés du conflit. Mais décidés à se venger ils n’ont cessé de réviser à la hausse les montants empêchant l’Allemagne de pouvoir s’en sortir. Devant les sommes considérables et inflationnistes qui lui étaient demandées par les alliés, l'Allemagne n’a pas trouvé d’autre solution que de faire chauffer la planche à billets. Certains auteurs pensent même qu’il s’est agit d’un suicide économique volontaire de l’Allemagne pour obliger les alliés à mettre fin à leur attitude mortifère.
Enfin, si au contraire on regarde les 4 autres plus grandes inflations, la Grèce en 1944, la Hongrie en 1946, la Yougoslavie en 1994, le Zimbabwe en 2008, toutes ont eu des causes politiques (guerres) ou économiques et après seulement des émissions de monnaie ont été effectuées, pour permettre les paiements, les dirigeants craignant que sans ces émissions les marchés s’effondrent.
Les faits historiques présentés pour preuves empiriques de la théorie ne sont donc pas probants. Les faits en question ont été l’objet d’une interprétation au travers d’un filtre ne laissant passer que la version officielle. Une instruction à charge de la création monétaire. Les experts s’abstiennent de répondre aux objections des historiens économistes concernant les anomalies citées (inflations et apport de monnaie pas toujours synchronisées tant en Espagne qu’en Italie, et autres pays d’Europe).
Enfin un dernier argument Historique.
Les Etats-Unis d’Amérique ont toujours eu un déficit budgétaire depuis leur création, sauf une courte période sous Andrew JACKSON. Pour résorber l’accumulation des déficits chroniques les USA ont toujours utilisé la planche à billets sans provoquer pour autant d’inflation majeure. Les créations monétaires étant réalisées dans de bonnes conditions de gestion elles n’ont causé aucun dégât. Par contre la tentative d’Andrew JACKSON a permis de faire disparaitre le déficit mais cela a engendré des difficultés économiques et sociales sans précédent obligeant son successeur à revenir au déficit
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